Quelle mémoire faudra-t-il construire autour de Jovenel Moïse ?
From the Series: Haiti beyond Crisis
From the Series: Haiti beyond Crisis
Les circonstances de la mort du président de facto Jovenel Moïse, assassiné dans la nuit de mardi à mercredi 6–7 juillet 2021, dans sa résidence à Pétion-ville, par un commando armé, laissent un suspens qui devient un terrain d’affrontement entre divers types de discours. D’une part, ses partisans qui le considèrent comme un héros, et d’autre part un contre-discours mettant l’ex président de facto face à ses responsabilités. Une telle fin cruelle pour le président de facto qui nous a quittés dans un climat général d’insécurité, de violence et de corruption, ce qui a enfoncé Haïti dans une crise sociopolitique et a ouvert une nouvelle ère d’incertitude épistémique dans le pays. Il y a les enjeux de souveraineté à considérer, sur ce, quelle mémoire collective faudra-t-il construire autour de ce personnage ? Notre travail propose d’interroger le processus de mémorialisation suite à l’assassinat de Moïse. Notre préoccupation s’articule sur un point que l’on trouve fondamental : la nature controversée du Jovenelisme.
Après la mort de Moïse, le plus grand risque se trouvait dans la rivalité des mémoires construite sur l’ex-président. De partout venaient des explications, des interprétations des faits (de ses opposants politiques, de la communauté internationale, de ses partisans et sympathisants). Le débat autour de sa mort, notamment sur la manière d'identifier les véritables responsables est resté au niveau des insinuations. Au lendemain de l’assassinat de l’ex-président, ses partisans et sa femme Martine Moïse (touchée par balles) ont indexés les oligarques comme étant responsable de cette tragédie. Les questions que l’on pourrait se poser étaient : pourquoi responsabilisaient-ils les oligarques de cet acte ? Ne serait-il pas dans le but d’avoir l’opinion publique en leur faveur, étant donné qu'ils comparaient la mort de Moïse à celle du père de la nation haïtienne Jean-Jacques Dessalines ou encore à celle de Sylvain Salnave, ex président très populaire assassiné au XIXe siècle ? Les contradictions entre l’ex-président et la classe bourgeoise seraient-elles si profondes ? Quelle partie de l’oligarchie pourrait commanditer ces actes ? Serait-ce parce qu’il favorisait des groupes de l’oligarchie au dépens des autres ? Serait-ce une réappropriation politique des faits en considérant que ses partisans ont tout de suite forgé le Jovenelisme qui est une idéologie naissant à partir de la vision et de la politique de l’ex-président de facto Moïse se basant sur « le patriotisme, la conviction, la loyauté et l’esprit d’initiative », ce que laisse croire Guichard Doré, le conseiller du Président. Ne serait-ce pas un moyen pour eux de se légitimer et de se maintenir dans l’espace démocratique où ils peuvent imposer leurs revendications dont le désir le plus cher est que l’on reconnaisse leur histoire et que l’on accepte leur présence et leur participation dans toutes les perspectives de toute solution proposée ?
Dès les premiers instants, les partisans du Jovenelisme voulait rapidement construire une image saine autour d’un président qui était considéré comme faible, corrompu et inexpérimenté. C’est la raison pour laquelle ils ont mis l’accent sur le risque de pulvériser encore plus le lien social devant le mouvement irrésistible des discours en chaînes appelant à la réparation et aux excès faites par le régime PHTK qui fragilisent davantage le tissu social. Un tel projet de blanchir la réputation de Jovenel souligne une méconnaissance inquiétante du danger que symbolise ce régime. Cette ignorance délibérée et cet abus de mémoire de la part des partisans de Jovenel auront de graves conséquences pour les futurs historiens qui tenteront de comprendre et de théoriser ce régime.
À l’opposé, diverses organisations de la société civile ont revendiqué une autre forme de travail de mémoire, celui de mettre l’ex-président de facto face à ses responsabilités et de ses promesses non-tenues, comme l’affaire « Kouran 24 sou 24 », la « Karavàn Chanjman » qui a promis de « mettre de la nourriture dans votre assiette et de construire des hôpitaux et des routes », l’insécurité ; et enfin, la non-prise en charge des revendications pendants ses trois dernières années, par exemple l’affaire Petro-Caribe. Des attitudes non-exemptes d’opportunisme au moment où le pays traverse diverses crises sans précédent, où la population, beaucoup plus appauvrie qu’avant, se retrouve lassée par les affrontements des gangs armés, des massacres, des cas de kidnapping, des promesses non tenues. De part et d’autre, il n’ y a aucune homogénéisation sur la compréhension des faits.
Les plus radicaux parmi ses opposants disent que la mort de Moïse ne les intéressent guère parce que ce président de facto n’a rien fait pour éviter les divers massacres dans les quartiers populaires. On peut citer : le massacre de La Saline en 2018, le massacre de Mayard à Bel-Air en 2020, le massacre de Delmas 32 en 2021 . Ces gens associent la mort de l’ex-président de facto à un complot de la communauté internationale sous les commandes des étasuniens, tout en considérant que les rencontres où se discutait cet assassinat se tenaient aux États-Unis. Ils poursuivent que Moïse devrait rester dans l’oubli, s’il n’avait pas mis en place des structures judiciaires pour le cas de l’ancien bâtonnier de Port-au-Prince, Maître Dorval, assassiné à Laboule dans le quartier où habitait Moïse ; pour Evelyne Sincère, jeune écolière violée et tuée à Delmas ; pour Antoinette Duclaire, militante politique assassinée à Delmas et tant d’autres, ses partisans ne devraient pas non plus demander justice en son nom.
La seconde catégorie qui se constitue majoritairement des acteurs/actrices classiques de la politique revendique aussi les mêmes choses que la catégorie radicale. Ils/elles condamnent tout discours qui vise à représenter Moïse comme un héros, un martyr, ils/elles demandent justice pour les personnes massacrées ou violées. Ce qui les différencie, ce groupe réclame également la justice pour l’ex-président, ce que l’on pourrait considérer comme un acte politique contre les « parrains » de Moïse si l’on se réfère aux propos de Gabriel Fortuné, ex-maire des Cayes, partisan du PHTK, ex-Sénateur de la république, mort lors du tremblement de terre du 14 août 2021. Cette déclaration a été perçue par beaucoup comme une référence voilée au prédécesseur de Moïse, Michel Martelly.
C’est une position assez intéressante dans la mesure qu’elle tienne compte des souffrances endurées et bien souvent minorées jusqu’à présent par les autorités qui refusent d’en parler, par le désaveu des mémoires et qui inflige de façon constante de la violence et de la souffrance. Aborder l’étape post-Moïse s’agit de s’accentuer sur le prisme d’une violence qui traverse toute la société haïtienne, c’est de tenter une manœuvre capable de saisir les faits politiques à partir d’une logique des formes de violence commises durant son mandat.
Il faut réélaborer le plus rapidement possible une politique de la reconnaissance qui cherche à répondre avec rigueur aux multiples mémoires faisant de Moïse un martyr, ce qui efface ses actes violents de la vie sociale et à la violence qui leur est inhérente. Et aussi, il faut insérer les mémoires de la violence commise par les deux gouvernements PHTK (Martelly et Moïse) dans de nouvelles formes contextuelles de vie et surtout qui nous permettra de récupérer le sens politique de l’action historique. Il faut éviter à tout prix de se faire violenter la mémoire, d’accepter l’imposition et l’individualisation que font les adeptes du Jovenelisme parce que la mémoire est une construction qui a besoin d’une base solide qui se fait par l’apprentissage des faits historiques.
D'johensby Siméon; Translated by Laura Wagner
The circumstances of the death of de facto President Jovenel Moïse—assassinated during the night of July 6–7, 2021, at his home in Pétionville by an armed group—left the country at an impasse that has become a battleground between different kinds of rhetoric. His supporters consider him a hero, while a counterdiscourse seeks to hold him accountable. It is a cruel end for the de facto president who left us in a climate of widespread insecurity and violence, which has deepened Haiti’s sociopolitical crisis and opened a new era of epistemic uncertainty in the country. There are issues of sovereignty at stake: What kind of collective memory should be constructed around this figure? This work seeks to examine the process of memorialization following the assassination of Moïse. This concern revolves around a key point: the controversial nature of Jovenelism.
The greatest risk, in the wake of Moïse’s death, is the rivalry between the different forms of memory constructed around the ex-president. Multiple explanations and interpretations abound, from his political opponents, the international community, his supporters, and followers. At the same time, the debate around his death, including how to identify those truly responsible, has remained at the level of speculation and innuendo. In the aftermath of the assassination, Moïse’s supporters and his wife Martine (herself injured in the attack) accused the oligarchs of being responsible for the tragedy. This raises several questions: Why do they hold the oligarchs responsible? Might it not be an attempt to court political favor—given that they had already compared Moïse’s death to that of the father of the nation, Jean-Jacques Dessalines, and to that of Sylvain Salnave, a popular president assassinated in the nineteenth century? Did the conflicts between the former president and the bourgeoisie really run so deep? Which segment of the oligarchy could have masterminded these acts? Was it because Moïse had favored some sectors of the oligarchy over the others? Was this a political reappropriation of the facts, considering that his supporters immediately forged Jovenelism—an ideology born of Moïse’s vision and politics and based on “patriotism, conviction, loyalty, and spirit of initiative,” according to presidential adviser Guichard Doré? Might it not be a means for Moïse’s supporters to legitimize themselves and remain in the democratic public sphere where they can impose their demands—and their deep desire that their record be recognized and their presence and participation in any kind of proposed solution be accepted?
From the beginning, supporters of Jovenelism have tried to promote a clean image of a president who was considered weak, corrupt, and inexperienced. And so, when faced with calls for the PHTK regime’s excesses and damage to the social fabric to be redressed, they focused on the risk of further weakening the social bond. This project of whitewashing Jovenel’s image highlights a disturbing ignorance of the danger this regime represents. This willful ignorance and abuse of memory on the part of Jovenel’s supporters will have grave consequences for future historians attempting to understand and theorize this regime.
On the other hand, various civil society organizations have demanded another form of memory work, one that seeks to hold the de facto ex-president accountable for his responsibilities and unfulfilled promises, such as Kouran 24 sou 24 (Electricity 24/7), the Karavàn Chanjamn (Caravan of Change), which promised to “put food on plates and build hospitals and roads, the rise of ensekirite, and finally, the failure to address the grievances of the last three years, such as the Petrocaribe affair. These attitudes are not free of opportunism at a moment when the country is experiencing several unprecedented crises, when the people are far more impoverished than usual, weary of clashes between armed gangs, massacres, kidnappings, and broken promises. On either side, there is no shared understanding of the facts.
The more radical among his opponents say that Moïse’s death does not interest them because the de facto president did nothing to prevent various massacres in working-class neighborhoods, such as the La Saline massacre of 2018, the Ruelle Mayard massacre in Bel-Air in 2020, and the Delmas 32 massacre of 2021. These individuals associate Moïse’s death with an international plot ordered by the United States, given the meetings held in the United States where this assassination was discussed. They go on to say that Moïse should remain forgotten, if he couldn’t put legal mechanisms in place for Maître Dorval, the former president of the Port-au-Prince bar association who was assassinated in Laboule, the same neighborhood where Moïse lived; or for Evelyne Sincère, the young student raped and murdered in Delmas; Antoinette Duclaire, the activist assassinated in Delmas; and so many others. If they can’t get justice, Moïse’s supporters shouldn’t demand justice for him, either.
The second category mostly comprises traditional political actors who demand the same things as the more radical category. They condemn any rhetoric that aims to represent Moïse as a hero or martyr; they demand justice for those who have been raped or murdered. What differentiates them is that they demand justice for the former president as well, which could be considered a political act against Moïse’s “sponsors” (in the words of Gabriel Fortuné, the former mayor of Les Cayes, former senator, and PHTK supporter, who was killed in the earthquake of August 14, 2021). This statement was seen by many as a veiled reference to Moïse’s predecessor, Michel Martelly.
This is an interesting stance, as it takes into account the downplaying of the people's suffering by authorities who refuse to speak of it and disavow the people’s memories—which, in turn, produces more violence and suffering. Moving beyond Moïse means reckoning with the prism of violence that affects all levels of Haitian society; it is to attempt to understand the political facts through a logic of the violence committed during his term.
We must develop, as quickly as possible, a politics of recognition to respond rigorously to the multiple memories that seek to transform Moïse into a martyr and erase his acts of violence against Haitian society as well as the violence inherent in the PHTK regime. To avoid history being distorted and appropriated for political ends, we must integrate the memories of violence committed by both PHTK governments (Martelly and Moïse). We must avoid, at all cost, the violation of memory, and we must not allow proponents of Jovenelism to impose their will or to establish themselves as a legitimate arbiters of Moïse’s memory and legacy—because the construction of memory requires a solid base, which can only come from learning the facts of history.
D'johensby Siméon; Laura Wagner ki tradui l
Sikònstans lanmò prezidan defakto Jovenel Moïse, asasinen pa yon gwoup etranje ame lakay li nan Petyonvil pandan lannwit 6–7 jiyè 2021, lage peyi a nan yon sitiyasyon ensètitid ki tounen yon chan batay ant plizyè kalite diskou. Patizan li yo konsidere l kou yon ewo, men gen yon lòt pawòl k ap pale, ki chèche mete l anfas responsablite l. Se te yon fen kriyèl pou yon prezidan defakto ki kite nou nan yon klima ensekirite ak vyolans tribòbabò. Lanmò Jovenel fouye Ayiti pi fon toujou nan kriz sosyopolitik epi louvri yon nouvo peryòd ensètitid nan peyi a, kote pèsòn pa konnen sa ki sa ak sa ki pa sa. Gen kesyon souvrentè ki esansyèl: Ki kalite memwa kolektif sosyete a dwe bati alantou moun sa a? Nan tèks sa a, n ap analize pwosesis bati memwa ki vin aprè asasina Moïse. Preyokipasyon nou chita sou yon kesyon fondalnatal: chire pit sou kisa Jovnelis la ye.
Aprè lanmò Moïse, pi gwo ris la se rivalite ki genyen ant diferan fòm memwa k ap bati sou ansyen prezidan an. Eksplikasyon ak entèpretasyon fè mikalaw, soti nan opozan politik li yo, kominote entènasyonal la, patizan ak moun ki dèyè li yo. Nan menm tan, deba sou lanmò li a—ki jan pou idantifye moun ki vrèman responsab lanmò a—toujou rete anba chal. Aprè asasinay la, patizan Moïse yo ansanm avèk madanm li Martine Moïse (ki te blese anba bal li menm) lonje dwèt sou oligak yo kòm moun ki responsab trajedi a. Sa leve plizyè kesyon: Poukisa yo kwè se oligak yo ki responsab? Èske se paske yo vle lopinyon piblik la an favè yo—etandone deja yo konpare lanmò Moïse la avèk lanmò papa nasyon an, Jean-Jacques Dessalines, ak lanmò Sylvain Salnave, yon prezidan popilè yo touye nan diznevyèm syèk la? Èske divizyon ant ansyen prezidan an ak boujwazi a te fon konsa vre? Ki sektè nan oligachi a ki te kòmandite zak sa yo? Èske se paske Moïse te favorize kèk sektè nan oligachi a pase lòt? Èske sa te yon fason pou vire tounen reyalite yo nan yon mannyè ki gen pou wè ak politik, kòm patizan Moïse yo te tou vin ak Jovnelis la—yon ideyoloji ki soti nan vizyon ak politik Moïse yo, ki chita sou “patriyòtis, konviksyon, alejans, ak lespri inisyativ” dapre konseye prezidan an, Guichard Doré? Èske se pa ta yon mwayen pou patizan Moïse yo bay tèt yo lejitimite, pou yo ka rete nan espas piblik demokratik la kote yo ka enpoze demann yo—ansanm avèk pi gwo aspirasyon yo, ki se pou lòt moun rekonèt istwa yo epi pou tout moun aksepte prezans ak patisipasyon yo nan tout solisyon ki pwopoze?
Depi nan kòmansman, patizan Jovnelis yo te eseye bati byen rapid yon imaj pwòp sou yon prezidan anpil moun te konsidere fèb, kowonpi, ak wòwòt. Kidonk, lè yo tande apèl ki lanse pou gen reparasyon pou tout eksè rejim PHTK a epi pou tout dega yo fè sosyete a, yo pito mete aksan sou ki ris sa ta ka ye pou lyen sosyal la. Pwojè blanchi imaj Jovenel la souliyen yon iyorans enkyetan sou ki danje rejim sa a reprezante. Iyorans delibere ak abi memwa patizan Jovenel ap fè a pral gen konsekans grav pou istoryen k ap vini ki pral eseye konprann ak analize rejim sa a.
Poutan, divès òganizasyon sosyete sivil mande yon lòt kalite travay memwa, youn ki mete ansyen prezidan defakto a anfas responsabilite ak pwomès li pa t janm satisfè yo. Pa egzanp, Kouran 24 sou 24; Karavàn Chanjman, ki te pwomèt li t ap “mete manje nan plat nou, konstwi lopital ak wout”; ensekirite k ap monte; epi yon gouvènman ki pa janm reponn ak yon seri plent pandan twa zan ki pase yo, tankou zafè PetwoKaribe a. Atitid sa yo pa egzan opòtinis, nan yon moman kote peyi a ap travèse yon seri kriz san parèy, lè pèp la pi razè ke janmen, lè yo bouke akòz batay ant gang yo, masak, kidnapin, ak fo pwomès. Sou toulède bò yo, moun yo pa konprann reyalite a menm jan.
Sa ki pi radikal pami opozan Moïse yo di lanmò li pa konsène yo paske prezidan defakto a chita sou blòk glas li pandan divès masak nan katye popilè yo tankou masak Lasalin nan 2018, masak Riyèl Maya nan Bèlè nan 2020, avèk masak Delmas 32 nan 2021. Moun sa yo liye lanmò Moïse la avèk yon konplo entènasyonal peyi Etazini te kòmande, etandone rankont ki fèt Ozetazini kote yo pale kesyon asasinay sa a. Yo di fòk Moïse rete nan loubli, si li pa t ka mete estrikti jiridik pou Mèt Dorval, ansyen prezidan bawo Pòtoprens yo asasinen Laboul, nan manm katye kote Moïse t ap viv; oswa pou Evelyne Sincère, yon elèv lekòl yo vyole epi touye nan Delma; Antoinette Duclaire, yon militan yo asasinen nan Delma; avèk anpil lòt moun ki tonbe. Si yo pa jwenn jistis, patizan Moïse yo pa gen dwa mande jistis pou li, nonplis.
Dezyèm kategori a plis gen ladan li aktè politik tradisyonèl ki t ap mande menm bagay ak kategori ki pi radikal la. Yo kont tout diskou k ap eseye reprezante Moïse kòm yon ewo oswa yon mati; yo mande jistis pou tout moun ki viktim asasinay oswa kadèjak. Sa ki diferan lakay yo se yo mande jistis pou ansyen prezidan an tou. Nou ka konsidere sa yon zak politik kont “parenn” Moïse yo (sa se pawòl Gabriel Fortuné, ansyen majistra Okay, ansyen senatè, ak patizan PHTK, ki mouri nan tranblemanntè 14 dawou a). Anpil moun konprann deklarasyon sa a kòm yon pawòl andaki pou lonje dwèt sou ansyen prezidan Michel Martelly.
Pozisyon sa a enteresan, paske li konsidere jan otorite yo minimize soufrans pèp la, jan yo refize pale de sa, jan yo devazwe memwa pèp la. Sa vin lakòz plis vyolans ak soufrans. Abòde etap aprè Moïse la vle di jwenn ak sistèm vyolans ki travèse tout nivo sosyete ayisyen an; se eseye konprann reyalite politik la atravè lojik vyolans ki te fèt pandan manda l la.
Fòk nou mete sou pye, pi vit posib, yon politik rekonesans k ap pèmèt nou reponn avèk rigè ak tout memwa k ap chèche transfòme Moïse an mati epi efase zak vyolans li te fè kont sosyete ayisyen an ansanm avèk vyolans ki nan nannan rejim PHTK a menm. Pou anpeche istwa vin defòme ak apwopriye pou dè fen politik, nou dwe foure memwa vyolans ki te fèt anba toulède gouvènman PHTK yo (Martelly ak Moïse). Kèlkeswa pri a, fòk nou ekate vyolans memwa, e fòk nou pa kite patizan Jovnelis la enpoze volonte yo oswa tabli tèt yo kòm gwoup k ap defini memwa ak eritaj Moïse la—paske pou nou bati memwa, sa egzije yon baz ki solid, ki se aprann kijan istwa a te pase tout bon vre.